Alors que l’année 2018 restera dans toutes les têtes comme l’année du sacre mondial pour les hommes de Didier Deschamps, 2019 pourrait être tout aussi capital pour les joueuses de Corinne Diacre qui auront à coeur de marquer les esprits durant la Coupe du Monde à domicile, du 7 juin au 7 juillet prochain. À l’heure ou le football occupe déjà une place prédominante à l’international, son développement à l’avenir passera forcément par le volet féminin.
L’exposition médiatique offerte par un événement tel que la Coupe du Monde sera évidemment conséquente pour le football féminin avec la totalité des rencontres diffusées par TF1 et Canal+. Mais cet engouement autour des footballeuses est le fruit d’un travail de longue haleine, porté par des clubs et des fédérations qui ont cru dès le début à l’essor du football féminin. Pas facile de se faire une place à côté des superstars du ballon rond qui occupent d’ordinaire une grande majorité du paysage médiatique à l’international souvent au détriment des autres sports. Le football féminin à lui aussi longtemps souffert de cette concurrence mais arrive petit à petit à se faire une place à toutes les échelles.
C’est le cas notamment en Ligue des Champions, où les filles de l’Olympique Lyonnais dominent les débats. Triples championnes en titre, elles ont notamment remporté la première finale franco-française en 2017 face au Paris Saint-Germain devant 2,7 M de téléspectateurs sur France 2.
L'Olympique Lyonnais pour exemple
L’Olympique Lyonnais a su justement miser sur le football féminin pour se faire un nom sur la scène européenne où avoir une équipe compétitive engendre des coûts moins importants que chez les hommes. Il s’agit d’une stratégie également utilisée par de nombreux pays anglo-saxons et notamment aux USA où le développement du soccer se joue en grande partie grâce aux performances de l’équipe nationale féminine qui a remporté le titre mondial en 2015. L’épopée de la sélection US a notamment permis à la Fox de réaliser sa meilleure audience lors d’un match de football avec plus de 5 M d’américains qui ont suivi la rencontre face au Nigéria.
Nul doute que ces audiences en constante progression auront joué un rôle essentiel dans la décision de TF1 et de Canal+ de se positionner sur les droits TV de la Coupe du Monde 2019. Evidemment, l’autre argument majeur réside dans le fait que les Bleues qui évoluent à domicile font partie des favoris pour remporter le mondial cette année. Elles restent d’ailleurs sur une victoire face aux championnes en titre (3 buts à 1, le 19 janvier dernier).
Cette échéance, est également très attendue par la Fédération Française de Football qui a lancé en 2011 un plan de féminisation du football sous l’impulsion de son président Noël Le Graët. Loin d’être de la poudre aux yeux, des réelles stratégies ont été appliquées permettant à la Fédération de passer le cap des 100 000 licenciées en 2016 (contre 54 000 avant la mise en place du plan). Elles sont aujourd’hui plus de 164 000 réparties dans des clubs aux quatre coins de l’Hexagone en tant que joueuses mais également au sein des administrations et dans le staff.
Alors que les clubs de football masculins sont débordés et bien souvent obligés de refuser des licenciés, mettre la lumière sur le football féminin permet à la Fédération de s’assurer un volet de développement durable et important pour les prochaines années.
Quand football féminin rime avec sponsoring, une aubaine pour les marques
Concernant le sponsoring, le football féminin est une aubaine pour les marques désireuses de communiquer autour du ballon rond en s’appuyant sur des valeurs d’authenticité et d’esprit d’équipe. Contrairement à leurs homologues, les footballeuses ne sont pas associées au vice du football business qui peut parfois freiner les annonceurs. Ainsi, plusieurs sponsors ont fait du football féminin leur cheval de bataille et ce depuis plusieurs années. On peut notamment citer EDF, déjà très actif aux côtés des Bleues lors du dernier mondial en 2015 et durant l’Euro 2017. Grâce à son partenariat, le groupe français valorise ainsi les valeurs de proximité et de partage à travers des activations dédiées au grand public. EDF a notamment organisé un concours national pour permettre à un club de jeunes filles d’aller supporter les Bleues lors de l’Euro 2017. Une aventure relayée sous la forme d’une web série sur les réseaux sociaux. Alors que le football fait partie intégrante de la culture populaire, le développement du volet féminin pourrait permettre à la Fédération de valoriser ses packages sponsoring combinant des droits marketing mixtes.
Les mentalités évoluent et le football féminin gagne du terrain à tous les niveaux. La nomination du premier ballon d’or féminin remportée par Ada Hegerberg en 2018 est un symbole fort et illustre la reconnaissance du travail accompli par les joueuses. En France, une victoire sur la scène internationale des Bleues apparaît comme la pièce manquante pour définitivement mettre la lumière sur cette discipline. Rendez-vous pris je l’espère, le 7 juillet au Groupama Stadium à Lyon.